SÉRIE « HISTOIRES D’ENTREPRENEURS » PAR SUZIE BEAUDOIN
Quand il était petit, Simon voulait devenir astronaute.
Un rêve fou vous pensez ? Pas vraiment. Tout jeune, il démontrait déjà beaucoup d’intérêt pour les sciences et de grandes aptitudes en mathématiques. Il obtenait d’ailleurs tellement de bonnes notes dans la plupart de ses cours qu’il en avait parfois honte devant ses camarades de classe !
Un petit gars modèle ? Pas tant non plus. Si vous demandiez à des membres de son entourage, ils vous diraient qu’il était plutôt « à son affaire »… et ils ne tarderaient à vous dévoiler, que le côté extraverti qui sommeillait en lui, n’a fait que prendre un peu plus de temps que la moyenne pour sortir de ce corps !
Une enfance bien entourée
Né à Montréal en 1980 d’un père policier et d’une mère secrétaire de direction à l’Ordre des dentistes du Québec, il a vite intégré les notions de respect, justice et de discipline. Durant cette période de sa vie, il a aussi apparemment acquis beaucoup de connaissances en dentisterie, parce qu’il parait, on parlait beaucoup de dents chez lui.
On parlait beaucoup tout court au fait, car la famille était nombreuse tant du côté de sa mère que de son père. « Ça faisait une méchante grosse pile de manteaux à Noël ! » me dit-il en riant.
Lui, il était le plus jeune des deux côtés de la famille. Sa sœur avait 15 ans de plus que lui, et la majorité de ses cousins et cousines, à l’exception de quelques-uns, étaient tous plus âgés d’au moins une dizaine d’années. Il a donc grandi petit dernier, presque seul, dans un monde de grands.
Parmi ses amis, il y avait sa grand-mère Dansereau qui habitait au rez-de-chaussée. C’est elle qui l’accueillait le midi et les soirs d’école, et c’est avec elle qu’il passait de nombreuses heures, des milliers d’heures même si on en croit la légende, à jouer aux cartes avec elle. Quelle patience elle avait !
Un des grands apprentissages qu’elle lui a légués, c’est de ne jamais être mauvais perdant, et de ne pas être mauvais gagnant non plus ! Chez les Dansereau, on ne donne pas la victoire facilement. Si tu gagnes, c’est parce que tu l’as mérité, pas de passe droite, point final.
Le cadeau
Noël 1986, comme beaucoup d’enfants cette année-là, Simon reçoit, à sa grande surprise, un Nintendo. Il ne l’avait pas demandé, il l’a juste reçu. Quand il y repense, il se rappelle n’avoir possédé que trois cassettes et de ne pas avoir été particulièrement doué au jeu. Lui, ce qui le fascinait par-dessus tout, c’était de comprendre comment ça marchait tout ça. « J’aurais voulu à cette époque ouvrir la cassette pour voir ce qu’il y avait dedans… heureusement je ne l’ai pas fait, je l’aurais brisé ! » me raconte-t-il.
Une chose est certaine, c’est que sa fascination pour les jeux vidéo est née ce jour-là.
Sa mère avait un ordinateur pour faire du traitement de texte et sa sœur étudiait en informatique. Il en était donc entouré et tout ça l’intriguait beaucoup…. Et sans le savoir, son avenir commençait déjà à se tracer devant lui.
Son petit côté scientifique a aussi commencé à se développer au cours de ces mêmes années.
« Dans les deux premières années de primaire, tu fais beaucoup de coloriage et du découpage, mais moi, j’étais daltonien, alors je n’excellais pas tout particulièrement dans ces matières-là ! C’est dans les matières comme la mathématique où je me distinguais », me dit-il.
C’est donc à partir de la 3e et 4e année qu’il me dit avoir commencé à devenir meilleur à l’école. Il y avait plus d’emphase sur les matières structurées et ça, il aimait ça ! Tellement qu’il s’est inscrit à des concours de mathématique. Du coup, celui qui avait peine à distinguer les couleurs a commencé à être considéré comme étant un « bolé », ce qui ne facilitait pas toujours les choses pour lui. Il ne voulait pas trop que ça se sache au fait. Ça le gênait tellement face à ses camarades d’école, qu’il avait pris l’habitude de cacher les copies d’examen où il avait obtenu des 95-100%. Il voulait passer incognito.
Plus tard dans l’année, la famille déménage à Repentigny. Sa grand-mère ne suit pas. C’est une nouvelle vie qui commence pour lui, et ce, à tous les égards…
Boris
Avance rapide deux ans plus tard, Simon est maintenant en 6e année, en bain linguistique, à une école à Charlemagne où se retrouvent tous les « smarts » de la région.
Parmi eux, on compte Jérôme Dupras, qui sera connu plus tard comme étant le bassiste des Cowboys Fringants et un chercheur émérite en développement durable. Étant voisins de casier, ils sont très rapidement devenus amis et partenaires dans presque tous les travaux de groupe. C’est d’ailleurs Jérôme qui l’a surnommé Boris, et c’est resté.
Pourquoi Boris ? Parce qu’en 6e année, Simon portait souvent gros bonnet en poil, style russe. « Ce surnom a tellement collé, me dit-il, que certaines personnes à l’école pensaient que c’était mon vrai nom ! ».
C’est aussi au cours de ses années au secondaire que sa curiosité pour les ordinateurs s’est amplifiée.
Parmi ses amis, ils étaient nombreux à jouer à des jeux vidéo. Simon, lui, aimait surtout les regarder naviguer à travers le jeu. Il était plus fasciné par la technologie du jeu que le plaisir que celui-ci pouvait procurer.
Une autre chose qu’il continuait à le passionner, c’est de participer à des concours en mathématique par pur plaisir, dont le célèbre concours Pascal. « Je suis arrivé 90e au Canada. J’obtenais de bons résultats et j’aimais ça, alors j’ai continué », me confie-t-il presque explicatif.
Ces années de secondaires ont réellement été pour lui une grande période de découverte de soi, et ce, même s’il ne pouvait pas toujours l’exprimer pleinement. C’est que paradoxalement, dans cette même école, on retrouvait également une 7e année. « En 6e année, tu es censé être les toughs du primaire. Nous, on ne pouvait pas être les kings de l’école comme les autres 6e, car c’était les 7e années les rois ! » me dit-il en riant. Cette situation n’a fait que les unir davantage. D’ailleurs, aujourd’hui encore, beaucoup de ses amis de 6e année font partie de sa vie.
Leadership 101
Une fois le primaire terminé, le groupe d’amis s’est joyeusement suivi au Collège de l’Assomption, un secondaire privé de la région. C’est là que Simon a découvert le leadership.
Le collège offrait (et offre toujours) un Programme de Leadership qui lui permettait non seulement d’acquérir de nouvelles aptitudes, mais qui lui permettait en plus de s’impliquer dans plein d’activités. Les étudiants qui étaient choisis dans ce programme se voyaient constamment confier de nombreuses tâches, accompagnés de certains privilèges. « Quand on avait besoin de volontaires dynamiques pour organiser des activités, ils demandaient aux Leaders du programme, alors j’étais toujours impliqué dans 1000 patentes. Je n’ai pas vu mon secondaire passer ! »
Il a ensuite poursuivi ses études, avec le reste de la clique, au Cégep régional de Lanaudière à l’Assomption, en sciences pures et appliquées.
Son ami Jérôme était à ce moment-là au tout début de l’aventure des « Cowboys fringants » et c’est donc à cette époque-là que Simon a rencontré les autres membres, comme Karl Tremblay, le chanteur du groupe. Karl et lui se sont vite rendu compte qu’ils partageaient une passion commune pour les jeux vidéo et aimaient à imaginer ensemble, entre leurs activités réciproques, des scénarios de jeux qu’ils feraient peut-être un jour…
Ce n’est cependant que rendu à l’Université de Sherbrooke, en Génie informatique, qu’il a réellement commencé à creuser un peu plus dans cet univers technologique. « Je me suis dit, je vais enfin savoir ce qu’il y a dans les cassettes ! »
D’introverti à Oktoberfest
Il fallait s’en douter, une fois arrivé à l’université, ça n’a pas pris beaucoup de temps avant que Simon commence à s’impliquer dans les organisations étudiantes et diverses activités universitaires. Celui qui chérissait les souvenirs des gros partys de famille allait poursuivre la tradition des rassemblements.
Vous vous rappelez au tout début, je vous mentionnais que ce n’était que partie remise avant que le petit gars « à ses affaires » nous dévoile son côté extraverti ? Bien c’est là que ça a explosé ! Non seulement il allait nous montrer ce qu’il avait dans le ventre, mais avec son expérience de Leader du secondaire, il allait le faire de façon grandiose !
C’est que Simon voulait organiser le plus gros party que l’Université n’a jamais connu. Il voulait que tout le monde en parle ! Il a donc imaginé et monté des événements mémorables, presque dans la démesure pour l’époque, dont le célèbre Oktoberfest, qui est devenu une tradition à l’université de Sherbrooke. On dira même que c’est un événement reconnu comme étant LE plus gros party universitaire au Canada !
Ce que vous devez également savoir c’est que Simon n’était pas seulement impliqué au niveau de l’organisation des événements. Il avait aussi accepté un poste au sein de l’association étudiante.
L’histoire veut qu’à la suite de vifs échanges autour d’une table de baby-foot avec le Président de l’AGEG, concernant la transparence des décisions et des dépenses de l’association, Simon a été invité à joindre le groupe pour que « ses bottines suivent ses babines ».
C’est dans toutes ces conditions qu’il obtient en 2003, son baccalauréat en Génie informatique, avec « une mineure en organisation d’événements » et une réputation de justicier, protecteur des siens.
Triple Boris
L’université terminée, Simon trouve rapidement un poste dans une entreprise de télécommunication, suivie, 2 ans plus tard, en 2005, par l’occasion tant attendue de rejoindre une équipe de programmeurs de jeux vidéo, Jamdat, qui deviendra par la suite Electronic Arts.
Non étonnamment, on le nomme « Lead » peu de temps après son entrée, avec comme responsabilité celle de gérer une équipe d’une dizaine de programmeurs. Non seulement ce rôle faisait appel à ses compétences de créativité et de leadership, mais il lui permettait également, comme au secondaire, d’être impliqué dans 1000 patentes. Vous pouvez donc facilement deviner qu’il était aux anges et ne voyait pas le jour où il quitterait le studio.
L’infatigable Simon, avait en parallèle, aussi commencé en 2012, à enseigner des cours de programmation de jeux vidéo au Collège de Bois-de-Boulogne. C’était un peu sa façon de contribuer à l’essor des futurs programmeurs, de donner au suivant en quelque sorte. Il était à ce moment-là 100% sur son X et tout allait pour le mieux…
Malheureusement, Electronic Arts ferma ses portes en 2013, le forçant lui et plus de 250 employés à se trouver un nouvel emploi. C’est une expérience qui représente pour lui un point tournant, et ce positivement.
Malgré les incertitudes qui venaient avec cette perte d’emploi, il ne pouvait s’empêcher d’y voir un monde de possibilités. Il s’est alors dit qu’un jour, il allait créer son propre studio de programmation vidéo, une entreprise où on prendrait des décisions justes, sans politicailleries. Une entreprise où il continuerait à protéger son monde comme il l’a toujours fait.
Et c’est justement ce qu’il a fait.
À la suite d’un court séjour chez Ubisoft, il crée, en 2014, Triple Boris, « parce qu’on a seulement 3 vies à vivre ! »
Au dire de Simon, le monde n’avait pas nécessairement besoin de Triple Boris. L’entreprise est surtout née par son désir de bénéficier de meilleures conditions de vie pour lui et sa famille.
« À titre de programmeur, on est la matière première des jeux vidéo alors je me suis dit que je serais sûrement capable de faire des jeux vidéo à partir de zéro. »
Il poursuit, « ce désir d’indépendance là, quand ça ne marche pas à ton goût, tu fais quoi ? Tu t’impliques. Au lieu de chialer, tu te retrousses les manches et tu fais ça à ta manière. Et si ce n’est pas fait à ton goût. Tu as juste toi à blâmer.
C’est un collègue du Collège de Bois-de-Boulogne où il enseigne qui lui permet d’obtenir son premier contrat.
Triple Boris Inc.
Deux années et quelques cheveux en moins plus tard, Karl lui parle d’une idée de jeux vidéo qu’il chérit depuis quelque temps. Ils décident donc d’officialiser leur partenariat et d’incorporer officiellement Triple Boris afin d’engager des programmeurs pour mettre au monde ce nouveau jeu, mais pas à n’importe quel prix.
« Quand on a incorporé le studio pour engager des programmeurs, je ne voulais pas revivre ou faire vivre à mon monde la même chose que j’avais vécue ailleurs. La conciliation emploi famille est très importante pour moi. C’est important qu’on se sente bien. », me dit-il.
Karl et lui voulaient offrir justice, simplicité, indépendance et équilibre à tous ceux qui allaient se joindre à Triple Boris.
C’est dans cette ambiance que le jeu « Gauche-Droite : Le Manoir » est né en 2017.
Le jeu de mémoire raconte l’histoire de Billy, un petit garçon qui tente de retrouver son chien Gigi à travers un manoir rempli d’étranges créatures et d’ennemis qui essayeront tous de l’empêcher de le retrouver.
Le duo tenait à prouver que Triple Boris était capable de mettre un jeu sur le marché et ils ont réussi. « On n’a pas fait des millions, mais on a « break even » et ça je considère que c’est déjà un bel exploit. »
Et pour Karl, de voir son jeu disponible sur la Nintendo Switch, ça l’a « flabergasté » !
Ils enchaînèrent ensuite, en novembre 2017, avec une participation à titre d’éditeur au lancement du jeu « Tiny Derby », qui, en mai 2018, sera récompensé au Gala Numix. Une autre belle reconnaissance pour ce petit studio québécois !
Triple Boris aujourd’hui
Aujourd’hui, Triple Boris compte 32 employés et offre des services de développement de jeux à tous ceux qui en ont besoin. Ils se démarquent notamment par la qualité de leurs services, qui représente pour eux une réelle obsession, tout comme le désir que ce soit simple et efficace.
« Je ne suis peut-être pas le meilleur entrepreneur, mais une chose est certaine, c’est que je recherche toujours ce qui est le mieux pour l’entreprise et nos employés. Je gère avec mon cœur. »
Il poursuit « j’ai souvent pris des décisions qui n’étaient pas économiquement les meilleures, mais du côté humain et à long terme, je suis persuadé que c’étaient les meilleures décisions à prendre. Ce n’est pas pour rien que les valeurs de respect, famille, créativité, qualité et dépassement de soi sont au cœur de qui nous sommes, individuellement et collectivement. »
Je me permets à ce moment-ci de mettre une emphase toute particulière sur la partie « collectivement », parce que malgré la pandémie et les défis, Triple Boris a poursuivi sa belle croissance « en famille » avec un engagement confirmé de chacun des membres. Une grande famille, tissée- serrée.
Tissé-Serré aussi côté personnel. Cette année, ça fait 20 ans qu’il a rencontré sa belle Mélanie avec qui il a eu deux beaux enfants, Émilie et Olivier. Ses enfants sont ses fans numéro 1 et des testeurs enjoués, totalement en amour avec tout ce que papa fait.
De plus, Mélanie étant orthopédagogue, ils partagent tous les deux le goût de l’enseignement. « J’aurais bien aimé qu’elle ait été dans ma vie quand j’étais au primaire et que je ne distinguais pas les couleurs – ça m’aurait aidé avec mes notes en arts plastiques », me dit-il en riant.
Futur de Triple Boris
À quoi peut-on s’attendre ? Outre une dizaine de projets en cours de développement dont certains avec des clients prestigieux, l’équipe travaille en ce moment sur quelques idées de jeux qui s’adressent au grand public, qui vont atteindre des gens de tous les milieux et de tous les âges et qui se veulent rassembleur, un peu comme les spectacles des Cowboys fringants. Hé non, je n’ai malheureusement pas pu en savoir plus pour vous, car c’est un secret bien gardé. Il faudra donc s’armer de patience…
Entre temps, ils comptent également continuer à offrir leurs produits et services de programmation aux autres entreprises de jeux vidéo, permettant ainsi une plus grosse empreinte québécoise sur le marché, parce que « quand on supporte un jeu local, on supporte des talents locaux et on crée une richesse locale. » me lance sagement Simon.
Il est aussi prévu que l’équipe grossisse et entame de plus gros projets.
Leur vision pour le futur ? « Être une entreprise d’envergure, avec une centaine d’employés et quelques projets majeurs, avec plein de petits projets développements qui gravitent autour » me dit-il… étrangement, un peu comme les planètes qui gravitent autour d’un même objectif rassembleur. Un petit clin d’œil approprié, je trouve, à celui qui aurait voulu devenir astronaute ! 😉
Pourquoi rejoindre TEC ?
« J’aime bien l’aspect du coaching 1 :1. À un moment donné, tu as besoin de quelqu’un qui te pose les bonnes questions pour voir la forêt au lieu de juste voir l’arbre. Puis le groupe, pour partager des choses que tu sais que tu peux partager sans avoir peur d’être jugé. Une zone sécuritaire où tu peux aller chercher du support. »
Il poursuit, « ça me fait réaliser plein de choses qui sont applicables autant dans ma vie personnelle que professionnelle. Par exemple, nous avons récemment eu un atelier sur l’impact et la structure d’un bon « Story Telling », et ça a complètement changé ma façon de voir les choses. J’ai tôt fait de partager mes apprentissages avec les membres de mon équipe et même avec ma fille qui préparait une présentation orale pour l’école. Tec ça a un impact à plusieurs niveaux ! »
Vous aimeriez en savoir plus sur TRIPLE BORIS ?
Je vous invite à visiter leur site web ainsi que leur page Facebook, et bien sûr communiquer directement avec Simon Dansereau et son équipe à info@tripleboris.com
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Contactez Suzie Beaudoin, Coach d’affaires certifiée et Présidente de groupes exécutifs privés TEC Canada à info@suzieb.webwp.dev et visitez sa page web, sa page Facebook et son compte Instagram